Foyer des espoirs brisés

Fossoyeur des rêves de ses enfants

Il les étouffe dans la tendresse de sa terre

Depuis que le chef de l'armée du Levant

Le déclara comme leur nouveau père

Objet ultime de leurs amours et fantasmes

De leurs élans de niaiseries à fleur bleue

Rêvassant sur les décombres de son marasme

Ils chantent le miracle de sa plage quand il pleut

Imbus de ses six mille ans de civilisation

De son message de paix et autres chimères

Renan et Lammens attisent leurs passions

Pour le décorer de nouveaux cratères

Ils louent son génie et son ouverture

Larmoyant dans le chapelet de l'ethnocentrisme

Pour mieux habiller leur véritable armure

Forgée dans le dur acier de leur racisme

Peuplé de ces hordes et tribus

Qui exhibent le croissant ou la croix

Par une fourche en dix- huit abus

Ils se partagent tous ses droits

Terroir convoité par toutes les religions

Il n'en connait pourtant qu'une seule

Il ne se prosterne que devant la corruption

Qu'il maudit dès qu'il ouvre sa gueule

   

Refuge des rancunes où des chauvins

Abritent leur patriotisme de pacotille

Ils se vantent aussitôt d’être malins

En le troquant contre un sac de billes

Rapaces hystériques agitant le bec

Menaçant comme des caïds de favelas

Leur fanatisme jalousé par les Rednecks

Fonce, aveugle, sur Mashrou’ Leïla*

Entre ses bois et domaines par malice

Les magnats féodaux tracent leurs barrières

Les transformant en jungle d’armes et milices

Quand ils s’ennoblissent en seigneurs de guerre

Accourt à son chevet dès le premier bruit

Le monde qu'il blâme pour son visage blême

Par les rêves stériles comme un arbre sans fruit

Il trahit toujours le sang de son emblème

Déçu, l'espoir renfermé dans cette poudrière

Erodé dans ce creuset de haines sans pardon

A l'image exacte de ce qui reste de sa pierre

Explose furieux vers de nouveaux horizons.

Sagi Sinno, Le jardin d'ecchymoses, III. Retour d'aliénation.

*Strophe ajoutée le 31 Juillet 2019.