Le refuge




Se ressourçant dans l’océan du silence nocturne
Retenus par le désert du béton taciturne
Mes larmes inondent les sillons de ta poitrine
Elle draine les angoisses qui me chagrinent

Sollicitée comme dans une compétition équestre
Instrument favori de ton chef d'orchestre
Elle chante sous la direction de tes narines
Se remplit à la cadence d’une brise marine

Les hauts et les bas du souffle de ta vie
Emportent ma tête dans leur manège
Etourdie par la chaleur des espoirs inassouvis
Elle plonge dans ta peau plus blanche que neige

Où se dessine le réseau de tes veines
Ces ramifications du labyrinthe de ta tendresse
Ma douleur embrasée est soudainement vaine
Guidée vers le chemin de l'allégresse

Asphyxié par la poudre des grabuges
Je cours fourrer mon nez dans cet abri
Réanimé par l’oxygène de ce refuge
Je mendie un peu de répit

Sur cette plaine où fleurissent mes rêves
Mes cauchemars tenaces signent une trêve
A défaut d'une paix durable avec moi- même
Les germes d'une douce accalmie qui s’y sèment
  
Bourgeonnent à travers ma frontière capillaire
Sous les caresses de tes doigts plongeants
Ravissant ma pénombre avec quelques éclairs
Ramollissant ses scrupules intransigeants.

Sagi SINNO, Le jardin d'ecchymoses, II- Éclaircies. 

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